Deux incursions du Marion Dufresne dans les fjords du nord et de Cap Malheureux nous ont permis de découvrir cette île froide, humide et sauvage. Le but était de ravitailler et de ramener des cabanes sur la bateau. Ces cabanes après nettoyage biosécurité afin de ne pas trimbaler des mammifères, des graines ou des pathogènes locaux seront déposées sur Amsterdam en remplacement d’une cabane existante. Je ferai un article la dessus plus tard.

Mes premiers fjords sont donc ceux de Kerguelen hémisphère sud … classe ! Evidemment, il fait très froid, c’est le Suuuuddd … austral donc ça pèle.

Les paysages sont dingues. Après deux semaines en mer, se retrouver entouré de falaises est troublant ! On devine de la végétation, principalement constituée de mousses et de lichens, fougères et plantes grasses.

Le mammifère marin du jour c’est le Dauphin de Commerson, indigène des fjords de Kerguelen. J’ai eu la chance de le voir quelques instants à l’aplomb du bateau. Un gros dauphin blanc et noir très discret dans les eaux « café noir » des fjords de Kerguelen.

Le passage à Port couvreux a été l’occasion de découvrir le temps changeant de Kerguelen. 

Réveil avec un soleil radieux peu de vent, la vie est plutôt sympa ici. Je vais chercher un café pour le prendre au soleil sur un banc du pont E, lunette de soleil j’ouvre la porte … et la Biimm averse de neige, des flocons à l’horizontale accompagnés d’un petit vent à faire fuir un hivernant d’Amsterdam en tong… tous aux abris… voila le programme de la journée ! 

Petit point historique, Port couvreux fut le site d’expérimentation de l’élevage du mouton, fin 19eme avec importation de foin… ce qui a entrainé dans ce secteur une énorme pollution biologique de ces espèces européennes végétales. La tentative d’élevage du mouton fut stoppé fin des années 1930.
Bien tenté mais Kerguelen a gagné une nouvelle fois. Un petit cimetière est présent sur place, témoin de ces années d’occupation du site.

Autre vestige de tentative d’implantation humaine, les troupeaux de rennes présents sur l’Ile. L’effectif doit être de 2000 individus environ. Ils causent d’énormes dégâts sur la végétation en coussins. Ils raffolent du Choux de Kerguelen. Des campagnes d’abattages sont organisées mais l’éloignement des troupeaux rend compliqué la manip.

Le bateau repart en direction de port aux Français. Débarquement d’une soixantaine de chercheurs, hivernants IPEV et RNN, Le bateau se vide aussi vite que le vent se lève. Les couloirs et les parties communes deviennent shinningesque, un vrai rafiot hanté ! ! 

Des rafales à 60 nd sont mesurées, les opérations de logistique avec l’hélicoptère sont stoppées et le Marion part au milieu du Golfe du Morbihan pour ne pas finir sur les cailloux.

Le lendemain, les hivernants d’Amsterdam débarquent pour la balade à terre. Un petit tour dans l’immense base de Kerguelen, des éléphants de mer prennent leur aise sur la route menant au port.

On en profite pour observer les canards d’Eaton, sorte de biganon local 😉 ainsi que es magnifiques Cormorans de Kerguelen aux yeux bleus.

Après un repas à base de légine, poisson rare des grands fonds de l’antarctique, nous partons pour une petite balade sur la côte pour observer les éléphants de mer et quelques manchots papou et royal. Superbe après midi sur une petite plage au sable fin en compagnie de ces géants des mers de plusieurs tonnes qui s’énervent de temps de temps puis se rendorment immédiatement.

Un dernier coucou aux copains restant au pays du caillou, nous repartons plus tôt que prévu de Kerguelen, une énorme tempête approche. La traversée sera longue et épuisante vers Amsterdam, des vagues de 5-6m de coté nous chahuteront pendant 2 bonnes journées. La marche à 45° dans les couloirs à droite et à gauche c’est pas pour moi.

L’air se réchauffe rapidement il était temps. Les iles subtropicales approchent …