Pour commencer, j’excuse pour la phrase d’accroche de la photo d’article, je suis conscient que je n’aurai pas de prix littéraire.

Entrecasteaux est situé au sud de l’ile au pied de grandes falaises du même nom.

L’accès est constitué d’une longue descente de 750 m dans les herbes par plusieurs mains courantes.
Je ferais un article précis sur cette descente la prochaine fois que j’y irai.

La pente est très forte avec le sac à dos bien lourd, il est préférable de se laisser glisser parfois dans les nombreuses herbes, le Poa novarae principalement. Pareil, un prochain article sur la fameuse végétation de l’ile en préparation.

A mi chemin, une main courante nous attend avec une touque contenant tout le matériel de descente nécessaire. Il faut compter 2h pour arriver en bas avec un peu d’entrainement.

La petite marche dans une belle zone humide appelée le « Vietnam » est assez éprouvante après tout ce chemin depuis la base, attention a la sortie du chemin rempli de boue.

Les rencontres avec les premiers Gorfous sauteurs se multiplient. Que d’émotion de voir ces petits êtres planqués entre deux rochers, les uns derrières les autres. Malheureusement, la population mondiale est en chute libre. La survie de l’espèce est menacée au terme des 15-20 prochaines années …

Puis les premiers modules d’habitations se profilent au loin. Ces modules ont été installés à notre arrivée, un rocher menaçait la mythique cabane d’Entrecasteaux. En attendant qu’une équipe sécurise le site, ces modules récupérés sur Kerguelen ont été déposés par hélicoptère. Bref c’est sommaire mais confortable et surtout trop bien isolé pour le climat doux d’Amsterdam.

Cette manip se déroule parfaitement avec mes fidèles manipeurs. Une demi journée est consacrée à l’étude des Albatros à bec jaune. En pleine colonie, j’apporte ma modeste aide à l’agent de l’IPEV chargé de suivre la population. On capture des adultes dont le nid est marqué et on mesure l’aile, le bec etc … et une petite prise de sang afin de connaitre la présence ou non du choléra aviaire dans la colonie. Cette maladie fait d’énorme dégâts et menace également cette espèce nicheuse principalement sur Amsterdam. 

J’en profite pour observer le spectacle qu’offre ces albatros. Des centaines volent autour de nous, ça chante, ça parade de bonheur quand les couples se retrouvent au nid, les poussins dorment sous le ventre des parents, une belle ambiance typique des australes. 

Malheureusement, car mes histoires se terminent souvent mal, nous retrouvons régulièrement des poussins morts soit du choléra soit part la prédation des rats. Ces petits mammifères amenés sur l’ile depuis les premiers explorateurs ont colonisé tout le territoire d’Amsterdam. Dans la colonie d’Albatros à bec jaune, ils se sont spécialisés dans la dégustation de poussins vivants qui ne réagissent pas ne connaissant pas le danger. Cette espèce a toujours evolué sans prédateur, donc elle n’a pas développé des réflexes de défense. Les poussins se font donc grignoter la tête, le ventre par les rats et meurent ensuite.

L’hécatombe est généralisée, peu de poussins arriveront à prendre leur envol sur les 23000 couples présents sur les falaises. L’espèce est donc en grand danger d’extinction.

Du coté de l’habitat, nous visitons quand même la cabane d’origine, momentanément inutilisable. Les toilettes le sont toujours avec vue imprenable sur l’océan et le grand Sud. Les plus latrines de la région d’après les meilleurs guides touristiques ! 😉 Ces toilettes d’Entrecasteaux font partie du mythe, un grand trou, des planches anciennes qui ont du en voir des vertes et des pas mures, au fond des années d’offrandes régalant une famille de rats bien grassouillets. Une expérience unique.

La cabane est grand luxe. Tout le confort pour y vivre à plusieurs avec une vrai cuisine. Un plaisir de retrouver les fourneaux durant 3 jours, de couper un oignon, un peu d’ail, faire cuire un pain maison….le bonheur.

Mes prospections sur la flore se déroulent parfaitement. Nous trouvons de belles stations de plantes indigènes de Saint Paul et Amsterdam : Sagina hookeri, Apium australe et Plantago stauntonii. Des petits bijoux excessivement rares présents parfois côte à côte, voir photo.

Du coté de l’océan, une belle houle longue venant du sud antarctique se brise toute la journée, me laissant rêveur quand au potentiel bien présent de surfer ces trois spots. Par contre en décembre c’est l’été ici, et nous avons les vacanciers en nombre dans les vagues. Des gorfous et ds otaries par centaines sur chaque vague… le 15 aout dans le Médoc c’est rien du tout.

Il est l’heure de rentrer, nous quittons le site sous une chaleur improbable des le matin. La montée est éprouvante dans ces herbes trempées par la pluie de la nuit. Le picnic au Pignon est le cadeau avec cette vue plongeante sur les falaises. Après un arrêt pour le fixer des grilles sur les cailleboutis, nous arriverons sur la base vers 18h. Le temps se laver après 4 jours d’expéditions et avant le repas servi à 19h.